Ce passionné de cyclisme se lance dans une aventure complètement folle : parcourir 1800 kilomètres en un mois pour faire valoir son projet. Il a débuté son aventure mardi 9 mai 2023 au départ de Toulouse depuis le siège de son entreprise (chemin de la Flambère) et son périple l’emmènera notamment en Avignon (Vaucluse), à Lyon (Rhône), Châlon-sur-Saône (Saîne-et-Loire), Mulhouse (Haut-Rhin), Soultz (Haut-Rhin) et Reims (Marne) avant de débarquer à Paris, un mois plus tard, vendredi 9 juin 2023.
Quatre brevets pour Intraterra
Inventé par Philippe Moranne, ingénieur Arts et Métiers et dirigeant de CTIC, ce procédé est un nouveau système pour réaliser des puits de 2 à 3 mètres de diamètre dans toutes sortes de roches jusqu’à des profondeurs de plusieurs kilomètres. La particularité est de « carotter » la roche pour extraire des blocs cylindriques qui seront transformés dans l’industrie de la pierre ornementale.
« J’ai dessiné les plans des quatre brevets du projet Intraterra : la machine à carotter, le procédé d’exploitation de la carrière écologique et les deux derniers autour de la smart Géothermie. J’ai imaginé le concept de la machine en regardant le procédé de géothermie profonde de Soultz (Alsace). Imaginer un dispositif de cogénération installé au fond d’un puits m’est apparu tellement plus performant et écologique ! », explique Philippe Moranne.
Une alternative non négligeable
Effectivement, lors de son explication, le but de remplacer les terrassements des carrières à ciel ouvert par le creusement d’une cavité profonde à même la roche. De nombreux avantages sortent d’Intraterra.
Le premier est l’absence de nuisance. « Aucune secousse, le procédé s’apparente à un usinage au moyen d’outils qui creusent le pourtour de la carotte de roche. Déployé sous un bâtiment, il limite le bruit, les poussières et améliore les conditions de travail des intervenants. ». Le deuxième, aucune pollution. « Le procédé est sobre en énergie et permet de réduire les émissions de CO2. Les eaux utilisées sont entièrement recyclées et les boues d’usinage des blocs de granit pourront être valorisées ». Le troisième, la préservation environnementale.
« La carrière est 100 % rebouchée en fin de procédé. Tout simplement en remplissant la cavité finale avec les blocs de granit déchets de la carrière d’accueil (les stériles éparpillés sur le site). Le procédé de rebouchage, qui intègre un comblement des espaces vides entre les blocs par des boues de sciage de granit, garantira la stabilité du terrain. En surface, la végétalisation sur un socle de terre effacera définitivement les traces de la carrière », détaille Philippe Moranne.
Ainsi tous types de pierre sont concernés, que ce soit granit, calcaire ou grès rien n’échappe à Intraterra. « Si vous remarquez bien, ces pierres sont partout autour de nous : trottoir, dallage, mobilier urbain, placage de façade, sculpture mais aussi objet de décoration. La créativité des architectes, designers et inventeurs trouvera matière à creuser (rire) », poursuit-il.
Une technologie hors norme
La machine de plusieurs mètres de hauteur est suspendue sur la tour de relevage. Les outils du module bas usinent la roche sur son pourtour et creusent une rainure tout autour de la carotte. Le module de coupe au fil diamant sectionne la carotte. Les réservoirs contiennent les boues de sciage qui seront remontées pour être filtrées, l’eau sera entièrement réutilisée. La carotte est maintenue dans son logement pendant la remontée. A la surface, la carotte de granit est déposée sur un chariot pour être évacuée de la tour. Tout est millimétré !
« Le cahier des charges décrit à chaque étape de l’exploitation, les engagements à respecter par les parties prenantes, afin de garantir sa gestion environnementale et qualitative. La surveillance sera assurée avec une totale transparence vis-à-vis des organismes officiels et associations habilitées. La réhabilitation donnera naissance à de nouvelles activités car les activités créées représentent une multitude de valorisations possibles, (enfouissement de déchets de carrière ou inertes, méthanisation, espaces de stockages…) et ouvrent une voie nouvelle vers la géothermie à l’échelle de la collectivité pour une énergie propre et durable. » souligne Philippe Moranne.
Un projet pas totalement financé
Mais le dirigeant de CTIC n’a pas totalement financé son projet… Après avoir investi 3 millions d’euros, il manque 250 000 euros pour finaliser le projet. Ainsi, il a ouvert des plateformes collaboratives afin de participer à ce merveilleux projet. Le site pilote se trouvera dans les carrières de Sidobre, dans le Tarn, et débutera en 2024.